LES BRÈCHES MÉCANIQUES

installation in situ de Luce Moreau, 2019-2021
dans un arbre du parc du Haras

Dans la continuité de sa démarche de programmation et de production d’œuvres mêlant art et apiculture, le Rucher du Haras propose à Luce Moreau, artiste plasticienne marseillaise, d’installer et de produire une de ses oeuvres Brèches mécaniques dans la cavité d’un arbre au sein du Parc du Haras à Annecy … en attente d’un essaimage prochain !

« Par opposition à l’incontestable « ordre naturel des choses »,  « nature ordonnée » interroge la relation réversive entre la société humaine et les organisations animales ; l’ascendance de l’une sur les autres, mais aussi l’interpénétration de leurs systèmes et comportements, dont le dessein commun est la survie. Modules chimériques, conquête spatiale, Palais Sociétaire, entomologie, architecture utopique, géométrie, pièges photographiques, brèche mécanique, système politique, camouflage constituent un ensemble vaste et indéfini de mes diverses approches du sujet. La notion de dystopie écologique, d’un futur proche où l’abeille disparaissante serait à protéger, à capturer, à faire perdurer, invite à la création de fictions d’anticipation sous la forme d’installations mêlant mimétisme, camouflage, artefacts et résilience. » Luce Moreau

Au cœur de la ruche, les reines engendrent des ouvrières et les ouvrières produisent des reines. Une colonie d’abeilles est donc immortelle même si les individus qui la constituent sont mortels. Or l’abeille est aujourd’hui également devenue un symbole de la dégradation exponentielle des habitats naturels, de l’état général de la nature et son dépérissement certain. Un scénario apocalyptique, légende urbaine attribuée par erreur à Albert Einstein, entraine l’abeille et sa disparition prochaine vers l’extinction de l’espèce humaine. Une dystopie écologique dont la butineuse est centrale, gardienne d’un équilibre précaire, vient transformer l’imaginaire collectif humain et ses symboles d’infini.

L’installation Brèches Mécaniques propose un support de réflexion et de fiction autour des notions de résilience et d’anticipation écologique. Il vise à traiter de la capacité d’un écosystème, d’une espèce à récupérer un fonctionnement normal après avoir subi une perturbation : ici, la disparition des habitats naturels de l’Abeille et sa sur-culture par l’Humain, lui-même en proie à une désorientation et un abandon progressif de ses utopies communautaires.

Une imprimante 3D capable de déposer de la cire d’abeille refondue, élaborée pour le projet par l’ingénieur Christian Paillard, réplique après modélisation un nid d’abeilles tel qu’il est construit dans la nature. L’artiste Luce Moreau, en résidence à cet effet au sein d’une plateforme technologique franco-suisse dans les domaines de la mécatronique (invitation par DDA à MIND, Archamps Technopôle, 2017) puis auprès de l’ingénieur suisse à Genève, installe ces constructions, à l’aide de cire fondue et de propolys, dans divers endroits sauvages afin d’observer leur appropriation (ou non) par un essaim sauvage.

La réplique des formes naturelles figure une fiction dystopique dans laquelle la machine pourrait attirer l’abeille dans la nature afin qu’elle s’établisse et construise instinctivement l’habitat de sa colonie.

Dans la continuité de sa démarche de programmation et de production d’œuvres mêlant art et apiculture, le Rucher du Haras invite Luce Moreau à installer ce premier nid dans un arbre du Parc pour proposer un nouvel habitat refuge pour un essaim d’abeilles.

Partenariat : L’installation Brèches Mécaniques dans le parc du Haras d’Annecy (2020) est produite par l’association Jardins Fabriques – Le Rucher du Haras avec le soutien du service Paysages et biodiversité et du service Paysages et biodiversité et Culture et animation de la Commune nouvelle d’Annecy et du festival Annecy paysages – Bonlieu Scène nationale Annecy ; le projet Brèches Mécaniques (2017-2020) est co-produit par OTTO-Prod, DDA Art Contemporain, MIND – One Bee ; avec le soutien du DICRéAM – CNC, de la Région SUD et de la Ville de Marseille.